RECETTE DE GUERISON POUR UN ZONA (fonctionne aussi pour un grand nombre d’autres maladies…)
Chaque matin la berceuse de la Mer
Baigner tes yeux de ses compresses gris-vert
Inhaler le Vent salé
la gifle enjouée des algues
la vase douce amère.
Demander à la Marée si elle monte ou descend
Te souvenir d'elle dans
ton corps à vif vivant
T'enivrer du cri barbare des Oies Sauvages
En abuser encore et encore
Lécher leur lait noir renversé aux nuages
grinçants
jusqu'à la dernière goutte, jusqu'au dernier frisson.
Appeler les longues ailes du Héron
Le laisser fouiller les curieuses cloques
de son bec d'or
Pleurer sur les miracles et remercier
Remercier beaucoup. Et longtemps.
Marcher sur la plage à tous petits pas doux
Guetter l'instant où la ligne de sable blanc s'allume
au loin, comme un pont de lune,
sur le vert irréel de l'eau...
et traverser
juste là
parmi les croix
des Cormorans.
Laisser la Pluie venir et poser sur ta peau
ses milliers de bouches fraîches et riantes
Rire avec elles
Regarder les averses passer
et ces taches qu'elles font sur la peau de la Mer
Te rappeler cela
les averses passent
Pleurer encore peut-être.
Mettre tes pieds dans l'eau. Et tes jambes. Et tes cuisses
Lever tes bras aux ballets blancs
des limicoles
Et suivre au ciel leur course folle
leurs souffles de vagues vives
Rire encore. Rire des rivières. Rire des océans.
Être fragile, être cinglée
Cassée, perdue, émerveillée
Sentir tes ailes se réveiller
Chanter pour ta peau qui repousse
Chanter des écailles, des fourrures, des plumes,
des pelages de phoques, des robes de serpent
par-dessus l'usure lasse des lésions.
Aimer les cernes sous tes yeux troués de fatigue
Elles ont
la couleur de la Mer tranquille.
Aimer tout.
Aimer, rire et pleurer encore.
Suivre ce traitement chaque jour
jusqu'à ce que les Oies Sauvages
Toutes gonflées de cris, de désir, de voyages
Reprennent les routes sacrées du ciel
vers le Nord
vers le lointain Nord.
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